apports en sucres totaux et ajoutés, types de sucres et risque de cancer : résultats de la cohorte prospective nutrinet-santé

contexte : une consommation excessive de sucre est désormais reconnue comme un facteur de risque clé d’obésité, de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires. en revanche, les preuves sur le lien entre le sucre et le cancer sont moins cohérentes. des données expérimentales suggèrent que les sucres pourraient jouer un rôle dans l’étiologie du cancer via l’obésité mais aussi via des mécanismes inflammatoires et oxydatifs et la résistance à l’insuline, même en l’absence de prise de poids.

objectif : l'objectif était d'étudier les associations entre la consommation de sucre total et ajouté et le risque de cancer (global, du sein et de la prostate), en tenant compte des types et des sources de sucre.

méthodes : au total, 101 279 participants âgés de > 18 ans (âge médian : 40,8 ans) de l'étude de cohorte prospective française nutrinet-santé (2009-2019) ont été inclus (durée médiane de suivi, 5,9 ans). la consommation de sucre a été évaluée à l'aide d'enregistrements alimentaires répétés et validés sur 24 heures, conçus pour enregistrer la consommation habituelle des participants pour plus de 3 500 aliments et boissons. les associations entre la consommation de sucre et le risque de cancer ont été évaluées par des modèles de risque proportionnel de cox ajustés en fonction des facteurs de risque connus (sociodémographiques, anthropométriques, mode de vie, antécédents médicaux et facteurs nutritionnels).

résultats : la consommation totale de sucre était associée à un risque global de cancer plus élevé (n = 2 503 cas ; hr pour le quartile 4 par rapport au quartile 1 : 1,17 ; ic à 95 % : 1,00, 1,37 ; ptrend = 0,02). les risques de cancer du sein étaient augmentés (n = 783 cas ; hrq4vs.q1 = 1,51 ; ic à 95 % : 1,14, 2,00 ; ptrend = 0,0007). les résultats sont restés significatifs après ajustement du gain de poids au cours du suivi. en outre, des associations significatives avec le risque de cancer ont également été observées pour les sucres ajoutés, les sucres libres, le saccharose, les sucres provenant des desserts à base de lait, les produits laitiers et les boissons sucrées (ptendance ≤ 0,01).

conclusions : ces résultats suggèrent que les sucres pourraient représenter un facteur de risque modifiable pour la prévention du cancer (du sein en particulier), contribuant ainsi au débat actuel sur la mise en œuvre de la taxation du sucre, de la réglementation de sa commercialisation et d'autres politiques liées au sucre. cet essai a été enregistré sur clinicaltrials.gov sous le numéro nct03335644.